Le 23 octobre 2020 - Communiqué de presse Victimes des pesticides du Québec (VPQ) salue les intentions du Plan d'agriculture durable (PAD) 2020-2030, annoncé hier par le ministre de l'Agriculture du Québec, M. André Lamontagne. Toutefois, ce plan possède des lacunes significatives pour soutenir efficacement les productrices et les producteurs québécois pour généraliser les pratiques agroenvironnementales. La santé des agriculteurs et agricultrices, une priorité?
La santé des producteurs agricoles, et de ceux qui gravitent autour de leurs entreprises, est l’indicateur premier de la santé de notre système alimentaire :
« Nous devons admettre qu’au Québec des personnes ont été, inconsciemment et involontairement, victimes d’une faute, d’un manque dans la responsabilité collective de préserver leur santé. La prévention des risques des pesticides n’était pas présente et les précautions qui auraient dû être prises hier ne le sont toujours pas aujourd’hui.Ce plan ne semble pas contenir les moyens de protéger nos agriculteurs » témoigne Serge Giard, président de Victime des pesticides du Québec.
De plus, comparativement à la Stratégie phytosanitaire québécoise en agriculture, le ministère de la Santé n’est plus associé à la démarche et les deux seules recommandations en matière de santé sont toujours « en cours d’analyse ». C’est un recul net dans l’approche nécessaire pour agir sur tous les impacts des pesticides. Il est urgent de mettre en place un système de prise en charge publique des maladies professionnelles associées à l’exposition aux pesticides pour tous les travailleurs agricoles.
Des indicateurs fiables? Ce plan bien qu’accompagné d’objectifs chiffrés et d’un budget de 125 millions de dollars sur 5 ans semble cependant s’appuyer sur des indicateurs biaisés et dépourvus de mesures claires pour réaliser ses ambitions. Par exemple, l’objectif de réduction de 40 % des risques pour la santé et l'environnement, se base sur l’indicateur de risque des pesticides du Québec (IRPeQ) qui contient de graves lacunes. En effet, cet indicateur prend surtout en compte les données que l’industrie veut bien fournir; ne considère pas adéquatement les risques liés à la manipulation des pesticides et ne prend pas en compte les effets cocktails et cumulatifs. Autre exemple, le bilan des ventes des pesticides n’inclut toujours pas les ventes en ligne, les ventes interprovinciales ou tous les pesticides utilisés en enrobage de semences. VPQ recommande donc l’utilisation de données scientifiques indépendantes et fiables.
Des moyens suffisants? L’absence de définition de moyens suffisants rappelle les annonces des plans d‘agriculture des précédents gouvernements qui, depuis 1992, n’ont malheureusement pas abouti aux changements annoncés. La mesure phare de ce plan, un investissement de 70 millions de dollars sur 5 ans visant à inciter les producteurs à adopter des mesures plus responsables, est importante, mais insuffisante pour produire des effets structurants à long terme. En effet, il est nécessaire de procéder à des changements réglementaires tels que l’interdiction de tous les pesticides probablement cancérigènes, mutagènes, neurotoxiques, reprotoxiques, perturbateurs endocriniens en priorisant les plus utilisés sur la base de recommandations scientifiques indépendantes de l’industrie. La réduction des risques à la source est un principe de base de toute mesure de prévention en santé et sécurité au travail. Enfin, VPQ souhaiterait retrouver dans le PAD des incontournables tels que la lutte intégrée, des mesures concrètes pour favoriser l’agriculture biologique, un renforcement du programme de surveillance des pesticides, des changements à la Financière agricole, etc.
Tout en soulignant la volonté du ministre Lamontagne, Victimes des Pesticides du Québec souhaite être impliqué dans le comité de suivi pour soutenir le gouvernement du Québec pour assurer une agriculture québécoise véritablement durable