Québec, le 3 avril 2023 - Victimes des pesticides du Québec et Vigilance OGM ont organisé un point de presse devant l’Assemblée nationale du Québec afin de demander au gouvernement Legault d’interdire l’utilisation et la vente des pesticides à base de glyphosate à des fins esthétiques. Une consultation du ministère de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques est actuellement en cours pour augmenter le nombre de pesticides interdits à la vente aux particuliers dans l’Annexe 1 du Code de gestion des pesticides. Malgré une hausse remarquable de ce nombre (de 22 à 61) dans le projet de loi omnibus, une absence se fait remarquer : celle des pesticides à base de glyphosate (Round up).
« Malgré la volonté du gouvernement d’améliorer le code de gestion des pesticides, on comprend difficilement qu’il n’aille pas jusqu’à interdire les pesticides à base de glyphosate malgré leur dangerosité avérée », se surprend Laure Mabileau, responsable de la campagne Sortir du glyphosate. « Montréal l’a déjà fait et de nombreuses autres municipalités sont en train de lui emboîter le pas, il faut légiférer pour l’ensemble de la province ».
En effet, en 2015, le glyphosate, principal ingrédient de la formule Roundup de Monsanto/Bayer, a été catégorisé cancérigène probable chez l’humain (catégorie 2A) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’entreprise Bayer a annoncé retirer elle-même du marché le Round up vendu aux particuliers aux États-Unis.
La vague municipale pour protéger les citoyen.ne.s
Depuis presque deux ans, le mouvement municipal est devenu le chef de file sur le dossier de l’interdiction de la vente aux pesticides. En effet, un nombre grandissant de municipalités adoptent de nouveaux règlements pour mieux encadrer l’utilisation de pesticides sur leur municipalité et y inclut souvent une interdiction (ou un encadrement) de la vente.
« Aujourd’hui, nous sommes là pour féliciter toutes les municipalités qui vont de l’avant pour la protection de la santé de leurs citoyen.ne.s mais aussi celle de la biodiversité. L’action des municipalités sur ce dossier est une tendance lourde que nous observons à travers toute la province et qui s’accélère depuis deux ans » souligne Mme Mabileau. « À un point tel que nous appelons maintenant le gouvernement du Québec lui-même à se pencher sur ce dossier, pour niveler par le haut la protection de la santé de tous les Québécois et les Québécoises ».
Québec pressé d’agir
Pour Serge Boily, cofondateur de l’organisme Victimes des pesticides du Québec et ancien employé spécialiste en application de pesticides sur la municipalité de Québec, le changement d’échelle ne peut plus attendre :
«Pourquoi ce type de réglementation n’est-il pas appliqué dans la totalité de la province ? Les citoyen.ne.s québécois.e.s devraient être protégé.e.s sans égard à leur lieu de résidence ! » Serge Boily, cofondateur de VPQ
Aujourd’hui, Serge souffre de la maladie de Parkinson à cause de son exposition aux pesticides. Pendant plusieurs années, il s’est battu pour faire reconnaître sa condition comme maladie professionnelle auprès de la CNESST. Après un long combat, il a finalement obtenu gain de cause en novembre 2022.
Les alternatives aux pesticides sont nombreuses et leurs usages pour des fins esthétiques ne sauraient justifier d’exposer la population à un risque inutile. Il revient au gouvernement d’uniformiser la réglementation pour limiter les effets des pesticides sur la santé des Québécois.e.s. et celle de l’environnement.